Vivre avec un diabète sans le savoir

Cela peut paraître surprenant mais nombre de personnes vivant avec un DIABÈTE n’ont pas conscience de l’être et moins encore d’être malade. L’annonce doit donc, comme pour toute maladie chronique être prudente et adaptée.

Le délicat moment de l’annonce

La position du professionnel de santé qui annonce est délicate, il faut trouver les mots justes.
L’annonce est primordiale dans l’amorce de la motivation à se prendre en charge. Même parmi les soignants, l’idée qui veut qu’on soit devenu diabétique suite à une mauvaise alimentation et une sédentarité a encore la vie dure. Ce type de jugement peut engendrer un rejet de la prise en charge.
Il est nécessaire de créer un climat de confiance, de prendre le temps, de laisser le patient exprimer ce qu’il ressent.
De le laisser « digérer » l’annonce de la maladie et de ses complications à venir en l’absence de prise en charge thérapeutique, de lui proposer d’en reparler plus tard et d’ouvrir une fenêtre sur l’espoir porté par cette prise en charge.

« Entrer dans la chambre d’un patient, être 5 ou 6 soignants autour de lui et lui annoncer qu’il est diabétique tout d’un coup, c’est un peu brusque.  »,

raconte Yoro qui a appris son diabète à l’hôpital au détour d’un épisode de coma

La douche froide

Différents facteurs mènent au diagnostic d’un diabète. Pour certains, les signaux d’alertes sont importants (fatigue, soif intense, besoin d’uriner…) et les poussent à consulter un médecin. Le diagnostic peut être posé au hasard d’une consultation pendant laquelle on se plaint de certains symptômes. Plus violent, encore, il peut tomber suite à un coma diabétique que l’on ne pouvait pas prévoir puisqu’on ne savait pas…

Quoi qu’il en soit, pour la plupart des patients, l’annonce se révèle être une véritable douche froide, génératrice de beaucoup d’angoisse. « J’avais peur de mourir », se souviennent Yoro, vivant avec un diabète de type 2 depuis 6 ans et Claude, avec un diabète de type 1 depuis 17 ans. En l’espace d’un instant, on passe de bien portant à malade, avec des complications possibles, un traitement qu’il faudra suivre toute sa vie.

Des explications pour soulager l’angoisse

L’annonce du diabète s’accompagne de toute une liste d’obligations au niveau nutritionnel, médicamenteux… La façon dont l’annonce du diagnostic est faite à la personne est importante. Il est essentiel qu’elle entende des explications claires, précises, concrètes sur le diabète, qu’elle soit également prise en compte en tant que personne et pas seulement pour sa pathologie. Plus l’annonce est brutale, plus le malade met du temps à l’intégrer. Prendre en charge la personne plutôt que la pathologie, c’est « dédiaboliser » la maladie en expliquant que même avec un diabète, on a droit à une belle vie. On vit bien, on mange bien, on s’occupe de soi. Il y aura peut-être des aménagements à faire au niveau professionnel mais on peut continuer de travailler avec un diabète, voyager loin, avoir des enfants…

En bref

Les réactions de découragement et d’angoisse face à l’annonce du diagnostic sont normales. Le travail d’intégration est propre à chaque personne et peut prendre du temps, même si la façon dont l’annonce a été perçue joue beaucoup. La personne doit absorber un grand nombre d’informations qui soulèveront, dans les jours, semaines, mois à venir, de nombreuses questions. N’hésitez pas à inciter le patient à vous confier ces interrogations. L’éducation thérapeutique, les associations, les groupes de paroles… peuvent représenter également un véritable soutien, montrer qu’il n’est pas seul face à sa maladie.